Mardi 9 mai 2006 à 14:06

Un 2 et un 0. Remplaçant un 1 et un 9. C'est pas plus compliqué que ça. Juste vingt ans, ma vingtième année.


Mon pire cauchemar sans doute, une prise de conscience, mon véritable moi.


Pourquoi, mais pourquoi, je ne suis pas restée bloquée, piégée à 17 ans ? Pas une gamine et pas une adulte, pile entre mes deux hantises. Encore trop conne pour tout comprendre et assez mûre pour savoir quand se taire.


Le processus est enclenché, personne ne sait où est ce putain de bouton, rouge en général, qui a le fabuleux pouvoir tout arrêter, de tout figer.


On a paumé le mode d'emploi.



CAN'T STOP GROWING OLD.



[ Placebo - Twenty Years ]

Dimanche 7 mai 2006 à 23:14




Comme ce chat, je sortirai mes griffes, comme ce chat je montrerai les dents, comme ce chat je me jetterai sur toi. Arracher tes vêtements, goûter ta peau, en vouloir toujours plus. Se réveiller. Pleurer. Chialer comme un gamine qui a perdu son doudou.


 Vouloir devenir bionique pour ne plus avoir mal. Ne plus être moi-même, juste une machine. Ne plus ressentir. Ne plus pleurer. Ne plus sourire. Ne plus vivre.


Tu es parti et je ne vis déjà plus.

Dimanche 7 mai 2006 à 22:28

Des fois en soirée, j'ai besoin de m'asseoir sur les chiottes. Couvercle rabattu, porte fermée à double tours, et me voilà assise, la tête entre les jambes. J'entends au loin le bruit de la fête qui continue sans moi. J'entends les filles et leurs discussions futiles composées de ragots et autres médisances, jacasseries inutiles. Je les entends se remaquiller, défaire leur boucle de ceinture une fois la porte verrouillée, le tirage du PQ.


Et moi qui suis sans qu'elles se doutent que je ne me vide pas. Non je me vide, mais pas comme l'endroit s'y prête. Je me vide l'esprit.


Juste m'éloigner de ce tumulte incessant, cet air chargé de transpiration et de tabac, sans parler des innombrables parfums aspergés en surdose sur chaque individu, de la musique souvent trop forte, les regards insistants, les clic clac des chaussures à talons de ces demoiselles, le shhcrr des briquets, le frottement des habits, des clopes que l'on sort de leur paquet plastifié, les verres qui s'entrechoquent, les glaçons qui se brisent, un rhume persistant, une toux qui soulève une cage thoracique, l'argent qui tombe, des commandes qui fusent, des engueulades naissantes...


Et moi cloîtrée dans mes chiottes. Je fuis tout ça. Juste réfléchir. Réfléchir...


Pourquoi je suis là ? Qu'est-ce que je fous là à faire comme si tout allait bien ? A quoi bon ? Pourquoi est-ce que je sors alors que finalement je vais dépenser des thunes pour boire un truc que je ne vais pas finir ? Pourquoi ils font semblant tous ces gens ? Pourquoi je suis venue déjà ? Enrayer mon ennui ? Non... Enrayer mon manque, ça marche si peu...


Je ne trouve jamais la réponse en refermant la porte derrière moi... Je retourne sourire sans conviction.


Ca aura duré 3 minutes.


Dimanche 7 mai 2006 à 22:02


Je pue.


Je pue l'alcool ingurgité la veille. Je pue la fatigue. Je pue la frustration d'avoir dormi seule une fois de plus. Je pue la fumée de clope industrielles vendues bien trop cher, pour reculer le risque du cancer qu'on finira tous par avoir et en crever, si le sida ne nous tue pas avant, pour ados frustrés de ne pas pouvoir ne pas fumer. Je pue le parfum bon marché pour homme médiocre. Je pue les chiottes pas turques mais presque, grande comme une demi-cabine d'essayage, publiques. Je pue les émissions de télé pour ados pseudo-rebelles atardés. Je pue le sexe banalisé. Je pue les klaxons de voitures bien trop étincelantes par temps pluvieux qui pestent dans les embouteillages matinaux, dominicaux, hebdomadaires, journaliers. Je pue ma génération d'internautes obsédés effrénés. Je pue le violon qui pleure toutes les nuits dans ma tête. Je pue la connerie humaine, juvénile, adulte. Je pue la folie animale attribuée aux jeunes en skate. Je pue le chocolat englouti en quantité industrielle pour ne pas déprimer. Je pue le mensonge de l'amour qui pend au-dessus de nos têtes vides. Je pue le chauvinisme de mes chers voisins. Je pue les "je vaux mieux que lui" balancés à tort et à travers.


Vodka, sommeil, ennui, solitude, cigarettes, dégenerescence primaire, toilettes, soaps, stress, désillusions, musique, tarétude, alimentation.


Je pue tout ça.



Dimanche 7 mai 2006 à 21:28

Pourquoi j'ai un nom de phénomène atmosphérique, inexistant sous nos latitudes ? Pourquoi associe t'on toujours mon prénom avec la première lueur du matin, avec le soleil ?
Prénom chaud, magnifique paraît-il, débile selon moi.

Mot désignant un moment présent 365 jours par an, 366 les années bissextiles, un moment immuable, qui n'a rien à voir avec moi. Non, rien. Absolument rien.

Un prénom que je refuse mais auquel je réponds lorsqu'on le prononce. Prénom sans diminutif, prénom haï parce que moche, parce qu'il ne me va pas.

Prénom bizarre, quelle farce m'ont faite mes parents en m'appelant ainsi. Moi, ni immuable, ni magnifique. Je n’éclaire rien, je n'ai rien d'un phénomène, ou alors seulement de foire.

J'ai un nom d'héroïnee de conte de fées, une espèce de blondasse aux yeux bleus sans personnalité propre, sur qui se sont penchées 3 bonnes fées qui lui ont donné la grâce et la beauté ainsi qu'une belle voix et l'opportunité de pioncer pendant 100 ans à l'aube de ses 16 ans, en attendant le prince charmant.

Une héroïne lisse, dénuée d'intelligence, sois belle et la ferme. Cette chère Maléfique a eu raison de vouloir la sauver d'une existence triste et sans aucun sens.

Les 3 fées ne se sont pas penchées sur mon berceau. Ni belle, ni enchanteresse. Et même si je dors 100 ans, mon prince n'arrivera pas.

Toutes les aurores ne sont pas boréales...



 


 

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