Eternel recommencement. C'est toujours à la même époque que je repense à lui. Ca s'est passé il y a 2 ans. A Carnaval. En Février.

Quand Alexandra était encore ma meilleure amie, quand j'avais à peine encore 5 mois à attendre avant de fêter mon 19ème anniversaire. Quand j'étais célibataire et que mon ex ne m'avait pas encore bouffée. Quand j'm'en foutais de passer pour une alcoolo, et que justement je mettais tout en oeuvre pour arriver à cet état de plénitude éphémère et chimérique que provoque les vapeurs d'alcool.

C'était un samedi, quelle date exactement, je ne saurais dire. Je me souviens du jour c'est déjà pas mal. Nous étions, ma meilleure amie de l'époque et moi déguisées en écolières (note pour plus tard, ne plus JAMAIS se déguiser en écolière, les remarques de mauvais goût fusent), déjà bourrée à 23heures, alors qu'il y avait à peine deux heures que nous étions , ma sucette en forme de coeur à la main, un cigare dans la bouche. Décalquée, et n'en avoir rien à foutre.

Puis, en avoir marre de ma sucette, encombrante plus qu'autre chose, que j'ai arrété de bouffer depuis que toute la cantine à bientôt passé sa langue dessus, trouver quelqu'un à qui la refiler. Je cherche autant que mon état me le permet, et pour finir je le vois. Lui. Lui avec qui j'avais dansé, un soir d'hiver, dans une boîte pourrie, lui sur qui je bave, parce que Monsieur est magnifiquement bien foutu. J'suis trop bourrée pour être timide, et c'est à lui que je donne cette sucette infectée par d'autres salives. Il la prend, me gratifie d'un merci princesse, d'une bise. Et je me barre. Heureuse, comme une conne.

Plus tard, c'est lui qui m'arrache d'une queue-leu-leu débile. Il me parle et malgré mes efforts j'ai du mal à tout capter. Il me présente à ses potes, et je sens le regard inquisiteur et mortel de toutes ces filles qui sont jalouses de voir sa main dans la mienne. Soyez jalouses, moi j'm'en fous. Quelques compliments plus tard et je suis en train de fondre entre ses bras, ses lèvres sur les miennes.

Viens chez moi. Non. C'est ma réponse et en fait j'sais plus trop comme je me sens. Après 4 tentatives, je dis oui, on part. Sa ville, sa maison, sa chambre et son lit. Je ne me rends compte d'où je suis que lorsque Alex m'appelle, d'une petite voix je l'informe de la situation, elle rit. Me souhaite du bon temps et raccroche. Pas un moment, ni elle ni moi ne nous rendons compte de l'insécurité de la chose.

Et depuis cette fois là, je ne sais jamais quoi ressentir. Regret que ça se soit terminée par un : on s'voit Lundi, remord de m'être donnée à un inconnu, fierté d'avoir passé une nuit avec un apollon, ou dégoût de moi-même pour tout ça.

Un jour peut-être je saurais. Tant que je le croise pas, ça ira.

- Ah. Salut, ça va ?

[ The Chronicles Of Narnia - The Battle ]