Je pue.
Je pue l'alcool ingurgité la veille. Je pue la fatigue. Je pue la frustration d'avoir dormi seule une fois de plus. Je pue la fumée de clope industrielles vendues bien trop cher, pour reculer le risque du cancer qu'on finira tous par avoir et en crever, si le sida ne nous tue pas avant, pour ados frustrés de ne pas pouvoir ne pas fumer. Je pue le parfum bon marché pour homme médiocre. Je pue les chiottes pas turques mais presque, grande comme une demi-cabine d'essayage, publiques. Je pue les émissions de télé pour ados pseudo-rebelles atardés. Je pue le sexe banalisé. Je pue les klaxons de voitures bien trop étincelantes par temps pluvieux qui pestent dans les embouteillages matinaux, dominicaux, hebdomadaires, journaliers. Je pue ma génération d'internautes obsédés effrénés. Je pue le violon qui pleure toutes les nuits dans ma tête. Je pue la connerie humaine, juvénile, adulte. Je pue la folie animale attribuée aux jeunes en skate. Je pue le chocolat englouti en quantité industrielle pour ne pas déprimer. Je pue le mensonge de l'amour qui pend au-dessus de nos têtes vides. Je pue le chauvinisme de mes chers voisins. Je pue les "je vaux mieux que lui" balancés à tort et à travers.
Vodka, sommeil, ennui, solitude, cigarettes, dégenerescence primaire, toilettes, soaps, stress, désillusions, musique, tarétude, alimentation.
Je pue tout ça.