Vouloir crier et ne pouvoir que se taire.
En espérant que mon regard sera suffisant. Il ne l'est jamais.

Les gens veulent des mots, veulent entendre. Ne pas chercher. ne pas fouiller l'autre. Avoir tous les éléments en main sans véritablement creuser et donner l'illusion d'être présent. Et de comprendre.

Comment pourraient-ils me comprendre ? Moi qui garde les lèvres serrées. Scellées. Qui ne dit rien. Qui cache tout. Qui éponge tout. Véritable éponge à sentiments.

Vouloir leur dire mon mal être, ne pas pouvoir le faire. Vouloir leur dire que je sais tout, que je ne suis pas tombée du dernier RER. Ne pas le faire. Vouloir lui dire que c'est qu'un sale chienne hypocrite. Le faire. Ne pas me faire entendre. L'amour rend con. Le désespoir et le dépit aussi.
Vouloir montrer mon mal être permanent, c'est impossibilité à vivre pleinement. Ne pas exactement savoir à quoi je sers, ni quel chemin prendre. Ne pas savoir quelle corde tirer pour me sortir de cette fosse à purin qu'est ma vie.

Pourtant ils étaient là pour me mettre sur le droit chemin, à l'aide de rails droits et solides. Ils avaient posés les premiers. Ils se sont avérés vérolés, déssoudés, pourris. Ont commencé à se tordre, à se briser pour me présenter un chemin sinueux et sinistre que j'ai pris, ne sachant pas quoi faire, ne sachant pas comment faire pour me détourner de cette voie.

Vouloir le quitter ce chemin, et brûler des cierges dès que l'occasion se présente afin que Lui, Elle, ou un autre veuille bien m'aider à me sortir les pouces du cul. Le faire toute seule ne m'a rapporté qu'engueulades. Injustifiées.

Et ne plus pouvoir voir la lumière au bout du tunnel. Juste les phares du train, qui, s'il continue à foncer droit sur moi qui m'obstine à rester sur cette voie, va me frapper de plein fouet.

Et après ? Après, l'éponge que je suis va se vider. Va tout cracher, dégueuler ce que je sais, ce qui me bouffe la vie, le corps et l'âme, lettre par lettre.

Soupe à l'alphabet. Rance. Trop longtemps ruminée, puis avalée et ainsi de suite pendant des mois, des années. Bien trop longtemps.

Et une fois que j'aurai vomi ce liquide graisseux, peut-être que je pourrais enfin m'accepter telle que je suis et ne plus me voir comme un complexe à part entière.
Peut-être que j'aurai assez confiance en moi pour mettre tous les habits de mon armoire au moins une fois, peut-être que je n'attendrai plus un compliment qui ne vient pas, pour me trouver belle, mais que seul mon miroir me le dira.

Et enfin me sentir moi. Et non ce semblant de quelque chose que je crois être.

En attendant, ramer. Loin. Fort. Me tirer de ce casse-tête que je n'arriverai de toute façon pas à résoudre. Pas à temps.
Le temps m'est compté. Comme tout être humain.
Le sablier a commencé à se vider.

Alors je rame.
Ho hisse, ho hisse.

Et j'espère que si la frêle embarcation sur laquelle j'ai embarquée chavire.

Je pourrai garder la tête hors de l'eau.
Et respirer.

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[ Kaa - Aie Confiance ]